Nous allons publier une série d'articles qui font le point sur le projet et la situation actuelle.
Le temps
Nous sommes confronté à une réalité de quantité.L'effet cascade ou dominos
Plus nous mettons en place de nouveaux ateliers, plus nous augmentons la charge de travail du quotidien. Même si nous faisons l'effort de ne mettre en production l'atelier qu'une fois un minimum d'outils et de méthodes élaborés, il y a de moins en moins de place pour la création et la communication. Ce constat n'est pas une surprise, nous nous y étions préparé. Et cela reste totalement vrai pour l'avenir.
Premier exemple avec les vers de farine
Nous élevons des insectes depuis de nombreuses années. Depuis 3 ans nous faisons quelques vers de farine. Cet hiver nous nous sommes donnés les moyens de multiplier par 100 notre production. Nous avons lancé l'atelier vers de farine, transformant notre pico maillon en maillon à pat entière. Nous avons acheté une grosse souche de ténébrions, nous avons fait le plein d'invendus en pain bio et avons achetés plus de 10 caisses pour lancer notre élevage.Au début tout va bien. Puis 2 mois plus tard les ennuis commencent. La charge de travail explose totalement et les décès prennent des proportions dramatiques. La cause de décès est directement lié au changement de dimension de l'installation. Au final nous subissons un échec du à la multiplication des problèmes que nous ne connaissions pas à petite échelle. Pourtant nous nous étions largement documenté et avons quand même une certaine expérience, mais cela n'a pas été du tout suffisant. Nous décidons de revoir l'atelier pour atteindre notre objectif. Premier constat, la charge de travail au quotidien doit être revue à la hausse même sans problème. Secondo, nous devons construire 6 autres maillons pour que celui de production de vers de farine puisse fonctionner, à savoir :
- un séchoir solaire pour dessiquer le pain plus rapidement
- une trancheuse
- un broyeur éolien pour réduire en miette toutes les tranches
- un silo de stockage
- une trieuse à insectes
- une ferme armoire avec VMC double flux et système de contrôle hygrométrique + température
Seul le dernier point traite la cause de mortalité, tous les autres sont des réponses au problème de temps.
Second exemple avec le jardin
Le second jardin a été un gros travail, mais les récoltes et la conservation de toute la surproduction (voulue!) ont nécessité une quantité d'heures, lourde, voir très lourde (voir plus bas). Pas de regrets, les résultats sont fabuleux, mais ils ne sont pas venus d'un claquement de doigt.
Voici deux vidéos, la première mi-juillet
Voici deux vidéos, la première mi-juillet
Moins de deux mois plus tard
Outre les graines, certains plants, des outils de jardinage où encore du matériel de bricolage, nous avons du acheter tout un tas de matériel pour la conservation. A commencer par un second congélateur ce qui nous a obligé de faire une entorse à notre frugalité énergétique. Et cet achat d'en pousser un autre. Etant donné la valeur du contenu et des épisodes rares mais présents, de coupure d'électricité, nous avons du acheter un petit groupe électrogène. Cette dernière acquisition est aussi motivé par des futurs essais sur le biogaz. Puis nous nous sommes lancés dans les bocaux. Un premier cadeau de 60 unités nous a permis tout juste de faire les premiers essais avec l'achat d'un stérilisateur, le bon vieux baquet en acier galvanisé affublé d'un thermomètre. Toutes les semaines il a fallu courir à droite et à gauche pour trouver de nouveaux bocaux, des joints, de constater que notre pauvre cocotte minute en acier inox de 8l (modèle qui permet deux pressions de vapeur donc des températures plus hautes) n'était pas suffisante pour cuire et stériliser. Mais nous n'avions pas les finances pour faire autrement. Nous en sommes venus à la conclusions avec l'aide de forumeurs avertis que nous devons acheter un autoclave de 22l et un énorme fait tout en inox pour les préparations. Tout un tas de matériel technique qu'il faut choisir avec soin, qui prend encore un peu plus d'espace et qui coute cher même s'il est vite amorti. En toute hâte j'ai essayé de faire un rocket-stove sur la base d'un modèle dans une bouteille de gaz de 13kg, mais il n'est pas encore au point. Quand à utiliser la parabole solaire, même pas la peine d'y penser. Le poids de la cocotte est beaucoup trop important pour les bras de soutien. Sans parler qu'il faut être constamment dans l'alignement parfait avec le soleil pour espérer maintenir la température nécessaire, ce qui n'est pas du tout gagné et surtout risqué.
Troisième exemple, le réacteur Jean Pain
Quand nous nous sommes jetés dans l'aventure nous étions surtout motivés pour nous chauffer. Si nous devions répartir sous la forme de pourcentage, nous aurions dit 75% chauffage, 20% traitement de déchets verts et 5% fabrication du compost. Au moment de sa construction il est important de préciser que nous n'avions pas encore le nouveau terrain où nous avons créé notre second jardin. Notre premier jardin fait 100m2 et est en carré, il ne nécessite que très peu de compost, en tout cas pas du tout cette quantité.Notre première version de 20 tonnes nous a fait voyager dans le temps en retraçant le parcours très riche de son créateur Jean PAIN. A chaque étape; le projet du réacteur a révélé son lot de surprises.
Une fois le réacteur consommé, les 20 tonnes de compost ont été étalés dans le nouveau jardin sur plus de 400m2 de cultures. Quel formidable or noir, une fabuleuse richesse. Et 20 tonnes de compost représente une énorme quantité surtout quand il est de cette qualité.
Concernant la partie production d'énergie, le résultat a été très moyen. Moyen en puissance, les 20 tonnes ont permis de réchauffer l'eau avant qu'elle ne rentre dans la chaudière sur à peine 6 mois.
Si nous calculons le ratio dépense sur gain, objectivement il n'est pas bon sur ce point; beaucoup de matériel mis en oeuvre, une quantité folle de temps et d'opération humaine, pour un résultat très moyen. Voir l'article "Réacteur Jean Pain: Autopsie"
Par contre le compost lui a donné des résultats fabuleux! (voir point précédent étayé de vidéos)
La suite des aventures autour de la technique Jean PAIN ne pourra être dissocié de la nature et de la culture, ça n'a aucun sens. Le plan énergétique est relégué à un niveau inférieur, la captation de calorie est la cerise sur le gâteau, alors qu'il avait été le moteur et l'eldorado visé.
Nous voilà donc motivés pour faire une version II, cette fois de 80 tonnes comme nous l'avions annoncé dans cet article. La première version a été crée tout au fond du terrain de la maison sur une zone où il n'est pas possible de faire plus grand. De plus ce choix de proximité par rapport à la zone technique où se trouve la chaudière a fortement compliqué le transport de la matière. C'est pour cette raison que nous avons pensé faire la version II au bout du nouveau terrain. Seulement voilà, nous n'avions pas prévu que le sponsor de matière verte ne pourrait pas nous livrer avec ses énormes bennes de 40m3, du fait de la pente. Il faut absolument terrasser. Comme il nous faut recréer un circuit d'échange beaucoup plus long que les 4m de la version initiale, le nouvel emplacement étant diamétralement opposé à la chaufferie, il va falloir construire un pipe de 15m. Nous avions un partenariat avec un professionnel, mais au fil de temps notre arrangement est parti à vau l'eau.
En conclusion:
Ce qui devait couter quelques heures de travail, se transforme en plusieurs mois de recherche et développement. Se pose donc la question de poursuivre ou pas, face à un tel investissement.Pour en revenir à une réflexion plus générale, nous constatons que pratiquement tous les projets traités récemment, actuels ou futurs, répondent à cette loi. Certes, certains des outils vont être mutualisés avec d'autres ateliers, permettre à d'autres maillons de rejoindre et se lier à la chaîne générale.
Parfois nous serions tenté d'abandonner l'atelier, temporairement voir définitivement.
Moyens de contournement ou d'amélioration
Nous avons fait une analyse pour essayer de comprendre d'où venait ces glissements et s'ils pouvaient être évités. Nous avons suivi deux pistes que nous posons sous la forme de deux question:
- Pouvons nous éviter toute la phase recherche pour directement être en phase de production?
Nous ne pensons pas, il y a au minimum une phase d'adaptation. La solution clé en main n'existe quasiment jamais. Non seulement il faut l'adapter au contextes et aux spécificités, mais aussi l'interconnecter avec les autres maillons ce qui est un vrai travail en soit. Nous ne revendiquons pas tout inventer, loin s'en faut, internet et les livres étant des sources incontournables qui nous inspirent tous les jours. Mais le maillage des ateliers un des fondements de la permaculture n'est pas si simple. Voir paragraphe sur la recherche documentaire et celui de la permaculture.
- Pouvons nous temporairement, faire des entorses à certaines valeurs pour mettre en place l'atelier et trouver des solutions de remplacement dans un second temps?
Nous avons utilisé ce moyen à plusieurs reprises et depuis des années. Le dernier exemple en date est l'achat d'un congélateur d'occasion pour stocker une partie des légumes d'été. Il nous arrive de conseiller cette solution quand nous sommes ressource sur des projets externes.
Une profonde réflexion sur la délégation (voir article prochain), montre que la facture écologique est rarement celle que l'on croit. Que des solutions propres chez soit, peuvent avoir utilisé des ressources et générer des impacts forts en amont comme en aval, donnant une facture totale lourde. Alors qu'une solution avec plus d'impact localement, peut soulager l'amont et l'aval pour établir une facture totale plus légère. Par l'exemple le contenu de nos déchets évacués dans nos poubelles ou amenés dans les centre de traitement sont directement corrélés aux récupérations que nous faisons. Un exemple dans l'exemple, nous récupérons plusieurs centaines de kg de clous par an qui sont les déchets du bois de construction que nous récupérons. Dont les parties clouées et vissées inexploitables nous servent de combustible. Notre carte de passage en déchèterie enregistre des entrées régulières car nous venons y déposer ce métal dans la benne adéquate. Il ne s'agit pas de nos déchets, mais des déchets de déchets. Nous sommes enregistrés comme générateurs de déchets alors que dans la globalité nous traitons quantitativement 1 000 fois plus de déchets qui dans le circuit "officiel" seraient voués à un traitement catastrophique à grand renfort d'énergie fossile (transport + traitement...). La facture globale est beaucoup plus légère, mais nous en épongeons une partie alors que si nous ne faisions rien, nous n'aurions pas de dépense liée.
Pour revenir au principe, ce n''est pas forcément la meilleure solution dans tous les cas et pour toutes les occasions. Ce sont des calculs complexes, à multiples paramètres changeants qu'il faut refaire à intervalles réguliers pour être certain de prendre la bonne décision.
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