Le weekend précédent, soit deux jours avant, avait eu lieu de festival bouse de vache où sous un prétexte bon enfant, un village éco-festif proposait des activités en lien avec les déchets, l'agriculture et la nature (lombricompostage, jardins partagés, éco construction....). Suite à cet évènement dont la seconde édition à confirmé l'intérêt croissant avec plus de 1 000 visiteurs, ce mardi soir nous avions le droit au documentaire Le Potager de mon grand-père de Martin Esposito.
Le film
Résumé
Un petit fils filme son grand père qui se morfond depuis la mort de sa femme, avec laquelle qui entretenait un potager fabuleux et le goût pour la nourriture saine. Le petit fils se lance à son tour dans le maraichage aidé de son grand père qui lui transmet techniques et surtout les valeurs qu'il détient des générations antérieures. Un héritage culturel qui se transmet de générations en générations et était à deux doigts de se perdre.Un docufilm exceptionnel
Martin Esposito nous livre un petit chef d'oeuvre. Le grand père est fabuleux de sincérité et d'authenticité d'un amour qu'il porte encore pour feu son épouse et de la nature. Le décès de sa promise l'a anéanti et entrainé avec lui la désertion du paradis qu'il entretenait ensemble: leur jardin potager. Le documentaire débute deux ans après le décès et la mise en jachère des cultures. Le grand père reprenant peu à peu le goût du jardin en transmettant son savoir à son petit fils qui lui en a fait la demande. Une oeuvre extrêmement touchante, faites avec une seule caméra tenue par le petit fils, où le spectateur est plongé dans un face à face avec le grand père.Le film est très émouvant sans être larmoyant. Il montre une existence simple avec des valeurs qui se perdent et tentent de survivre alors qu'elles sont la vie.
Le tour de force de ce documentaire, ce sont les questions soulevées et les allusions qui posent les vraies questions, l'inventaire des fondamentaux. A travers les échanges du débat qui a suivit et les réponses apportées par les 3 professionnels présents, un bon nombre des sujets ont été abordés. En voici dans le chapitre suivant le développement.
Les questions que soulève le film
La mort, la transmission du savoir, les rapports familiaux, la place de l'alimentation dans la vie ce sont les thèmes qui se dégagent très vite du documentaire. Mais ce n'est pas tout.Les semences
Le grand père maintient des espèces originelles qui lui viennent de sa famille et de sa région natale. Il explique comment maintenir ces espèces en plantant régulièrement, quels danger peut être l'hybridation avec les semences non naturelles comme les OGM. Le grand père explique à son petit fils ce travail à part entière qui demande du temps, d'être méticuleux, du savoir et aussi de l'inclure dans la production (un jardin est consacré à cette activité).Le potager, un incroyable lieu d'échange
Entre l'ami depuis 60 ans qui vient faire des travaux de maintenance du système d'irrigation, la belle soeur et le beau frère qui font des semis et partagent le terrain d'à coté, le petit fils qui vient apprendre et filmer mais aussi les souvenirs que le grand père évoque d'un temps où feu sa femme et lui exploitaient cette terre, le jardin est un lieu d'échange entre les Hommes, entre les Hommes et la nature et enfin entre les espèces.
Le jardin élément d'une chaîne
Le potager s'inscrit dans une chaîne, avec en amont les graines, la connaissance de la nature, en aval la conservation, la cuisine et le rapport aux autres. Le jardin entraine avec lui tout une philosophie de vie, un rapport à la vie bien différent de ce que les temps modernes nous imposent. Le jardin impose un regard plus large, d'être attentif aux origines et aux conséquences.
Le grand père parle de la vie du sol sans lequel rien n'est possible, du rôle des vers de terre, de l'humus qu'il va chercher en forêt. En filigramme il retrace toute une chaîne de vie.
Le grand père parle de la vie du sol sans lequel rien n'est possible, du rôle des vers de terre, de l'humus qu'il va chercher en forêt. En filigramme il retrace toute une chaîne de vie.
Le rapport au temps
Les outils ont été achetés il y a fort longtemps, un investissement qui perdure, toujours fonctionnel. Les serres n'ont plus de vitre, ne subsistent que les structures; qu'importe elles servent de montant à la végétation.
L'humilité
Nul doute que ce grand père est un homme aguerri, un sachant du jardin, mais qui rappelle sans cesse à lui comme aux autres que tout reste à apprendre. Que la nature est souveraine dans ce savoir dont nous elle n'a pas fini de nous livrer ses secrets. Demain nous ne serons peut-être plus là, elle survivra sans nous.La performance: contre nature
Le motoculteur coupe les vers de terre, les produits phytosanitaires détruisent, les OGM dénaturent, l'irrigation à outrance fait pourrir. Rien ne sert de courir, il faut être là au bon moment, avec les bons éléments, jamais trop, trop difficile à rattraper. Le jardin n'est pas une succession de 100m en moins de 10 secondes, ce n'est pas un marathon non plus, ce n'est pas une course tout court. C'est un voyage dans le temps et dans l'espace. Les conserves en sur nombre sont là pour assurer les éventuels déboires, pour lisser les productions.
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